Je voulais marcher avec le bord de mer comme programme. Un autre dispositif de marche ne Belgique. La côte Belge mesure 66 kilomètres. Cette distance peut être facilement parcourue en quelques jours.
Le bord de mer comme programme
Si ici, il ne s’agit pas de parcourir une agglomération en tant que telle, on se rend compte très vite que la côte Belge est un énorme flux urbain. Quand on marche, on passe sans cesse d’une ville à l’autre. A peine, nous voyons les derniers bâtiments d’une ville que déjà les bâtiments de la prochaine ville se dressent dans le paysage. D’ailleurs cette succession apporte un rythme à la marche, comme une suite d’intervalles musicaux.
C’est la première fois que je suivais un parcours avec tout ce qu’il faut sur le dos pour dormir in situ. J’avais ma tente et matériel de camping. Je pouvais m’arrêter où je voulais pour dormir et me reposer.
Le programme ici c’est la mer du nord et le rivage. Celui-ci se propose comme une ligne à suivre, simple et évidente. Il suffisait de voir la mer sur ma droite. Je n’avais jamais besoin de consulter le moindre plan.
Avec cette marche, j’inaugurais cette forme d’obsession à venir: suivre les lignes évidentes, éléments construits ou naturels qui découpent le paysage.
D’ailleurs cette marche préparait en quelque sorte notre première marche autour de l’autoroute de Bruxelles.
https://cyrilbron.art/projets/walking-a-metaphor-bruxelles/
Un paysage s’ouvrait
Mes pas s’adaptait au paysage. Je marchais parfois sur la plage, sur des sentiers ou alors directement sur la route.
Quand on suit une ligne dans le paysage, le chemin n’est jamais antérieur à notre présence. C’est notre présence qui façonne le chemin. Dans la progression du parcours, le chemin s’actualise.
Un trajet s’imposait à moi. Mes choix étaient limités; ils étaient toujours liés à la trajectoire du rivage marin. Tout en suivant la ligne, je choisissais où poser mes pas, en fonction de la texture du sol, des points de vue, ou de la facilité.
Mais je choisissais très peu, c’est constamment le territoire qui s’imposait à moi. Dans cette contrainte, c’était toujours un autre paysage qui m’arrivait, un paysage jamais envisagé ou anticipé.